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vendredi 2 janvier 2015

Les feuilles agitées de l’aune et du peuplier

 La sympathie avec les feuilles agitées de l’aune et du peuplier me fait presque perdre ma respiration ; toutefois comme le lac, ma sérénité se ride sans se troubler.

  Pourquoi me sentirai-je seul ? Notre planète n’est-elle pas dans la Voie Lactée ?

  Je vais et je viens avec une étrange liberté dans la Nature, devenu partie d'elle-même.

Henry David Thoreau, « Walden », Aubier, Paris, 1967, pp. 253-255.






   Sympathie de l'homme qui fait retour à la Nature, qui se ressource au sens de retour à la source, sympathie avec tout ce qui vit et se meut, sympathie avec toutes les manifestations de la Nature, c'est que le philosophe et poète américain du XIXème siècle éprouve dans son immersion volontaire et solitaire dans les forêts qui entourent l'étang de Walden dans le Massachusetts. La palette des phénomènes naturels peuvent-ils connaître une résonance en nous au point de nous couper le souffle ? Gagne-t-on en sérénité en s'asseyant tranquillement au bord d'une lac et en se laissant bercer par l'onde qui ride la surface de l'eau ?

    Cette sympathie soulage notre solitude. La solitude est un phénomène étrange. On peut se sentir au milieu d'une foule ; et pourtant, seul au milieu des bois, on peut se sentir accompagné par les arbres, par les ombres et par la myriade d'étoiles qui peuplent la voûte céleste. Nous sommes une petite part de la Nature ; et les étoiles, les arbres, les fleurs, les animaux qui se couchent dans les fourrés sont aussi autant de petites parts de la Nature, c'est pourquoi nous ne sommes pas seuls.


   Comme Thoreau, j'ai souvent fait l'expérience de faire un avec la Nature, de retrouver la conscience d'être une partie de cette Nature, d'aller et venir dans des forêts, des champs et des vallées, sans me sentir seul, et puis de revenir vers les villes et les cités des hommes. Et là de sentir une solitude qui m'accable par sa lourdeur, incapable d'expliquer à mes semblables cette communion avec la Nature. Le sentiment d'étrangeté passe alors de la Nature vers la société des hommes : comme si j'étais un natif de la nature, et pas de telle ou telle nation.






Autres citations d'Henry David Thoreau :

Voir aussi ce texte à propos de la sagesse chez les Grecs de l'Antiquité ici.

Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.








On peut retrouver les superbes photos de Michael Shainblum ici.

On peut aussi admirer le travail magnifique d'Elizabeth (Lizzy) Gadd ici.





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